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ANJOU

JOACHIM DU BELLAY

(1525[ ? ]-1560)

Joachim du Bellay naquit au manoir de la Turmelière-en-Liré, petit bourg situé sur la rive gauche de la Loire, en face de la ville d’Ancenis. On ignore la date de sa naissance ; mais on a lieu de supposer, d’après son propre témoignage, que ce fut peu avant l’année 1525. Il avait sept ans lorsqu’il perdit les siens, ot il fut élevé sous la tutelle de son frère René du Bellay. On a prétendu que son éducation première fut négligée, mais nous n’en croyons rien, car lorsqu’il vint à Poitiers, vers 1545, pour faire son droit, il donna les preuves de toutes les connaissances qu’un homme de mérite pouvait acquérir en son temps. Il passa trois années dans cette ville, après quoi il gagna Paris où il se lia avec les jeunes poètes et se fit connaître en publiant le fameux livre de La Defence et Illustration de la langue françoise (Paris, Arnoul l’Angelier, 1549, in-8o), qui fut en quelque sorte le manifeste de la Pléiade. Il fit paraître peu après L’Olive, recueil où se trouvent célébrées, sous la forme de sonnets, les vertus d’une dame imaginaire. L’ambition de prendre figure à la cour et de se créer un avenir honorable lui venant avec le succès, il accompagna son cousin le cardinal du Bellay à Rome, en qualité d’intendant. Ce fut la période la plus active de sa vie. Cumulant ses délicates fonctions et son labeur d’écrivain, il se montra tout à la fois un courtisan accompli et un poète original. Mais, à se multiplier ainsi, il gagna un tel dégoût et de sa charge et de son séjour dans la ville éternelle, qu’il n’aspira qu’à un prompt retour dans son pays. Le séjour qu’il fit à Rome ne dura guère plus de trois années ; ce fut assez pour que, la nostalgie aidant, il écrivît quelques-uns de ses plus beaux poèmes. Au début de son exil volontaire, il avait composé le Premier Livre des antiquitez de Rome. On pouvait s’attendre au moins à un second livre faisant suite à cet ouvrage, mais il n’en fit rien paraître, et ce furent les Regrets qui vinrent, comme pour affirmer sa lassitude et crier son angoisse. Le 19 juin 1555, le cardinal le nommait chanoine de Notre-Dame de Paris, en remplacement de Jean Toustain, décédé. Il quittait Rome en 1557. À peine arrivé à Paris, son pre-