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ANJOU


Plus mon Loyre gaulois, que le Tybre latin,
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

(Les Regrets.)


AUX DAMES ANGEVINES

Plume qui as, d’une aile inusitée,
Depuis deux ans la France visitée,
Chantant des Rois les louanges à gré,
Et l’arbre sainct à Minerve sucré,
Baisse ton vol, rasant la fresche rive,
Où près d’Angers le cours de Maine arrive.

Va saluer d’un son mélodieux
De mon Anjou les domestiques dieux,
Qui m’ont souvent de leurs manoirs sauvages
Ouy chanter sur les prochains rivages
Le nom qu’Amour, de ma force vainqueur,
A érigé pour trophée en mon cœur,

Ne cherche point la tourbe murmurante
Des professeurs de sagesse ignorante :
Mon nom aussi, par la France loué.
Ne quiert le bruit du palais enroué,
Ne le sourcil trop superbe et severe
Qui le pouvoir des Muses ne revere.

Le docte Dieu qui inspire en mon cœur
Du sainct ruisseau la féconde liqueur,
Mon sort fatal et mon Dieu domestique,
Qui ma voué au labeur poëtique,
Scachant combien j’y prenois de saveur.
M’ont destiné à plus douce faveur.

Va, plume, donc voir les troupes divines
Des demi-dieux et nymphes angevines,
Où je seray (peut-estre) bien receu.
Par ton moyen quand la France aura sceu
Que leur haut bruit je fay sonner à Loyre.
Qui ay chanté des grands Princes la gloire.

Des envieux les plumes de corbeau
Ont mis l’honneur des dames au tombeau,