Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/170

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Quelque illustre figure, exemple des aïeux ;
Ou, pour mieux remuer les fibres de notre âme,
Belluaire de l’art, dans le cirque du drame,
Aux pieds de nos géants qu’hélas ! nous oublions,
Fais ramper les terreurs, ces sinistres lions.

Pour le char voyageur sois le phare et l’étoile ;
Pour la nef en péril, la boussole et la voile.
Sois pour nous tous, errants loin des traces de Dieu,
Colonne de nuée ou colonne de feu.
Car nous marchons aussi dans un désert sans bornes,
Et nous ne savons pas si nos Moïses mornes
Entreverront, un jour, du haut de leur Nébo,
Notre terre promise, ou bien — notre tombeau.

De notre cœur, pareil à quelque urne fêlée,
La foi, baume divin, la foi s’est écoulée ;
L’espérance nous voit, aveugles matelots,
Jeter son ancre d’or dans l’abîme des flots ;
Et la charité sainte, en nos âmes fébriles,
Landes pleines d’ivraie et de sables stériles,
Au vent des passions qui dessèche et détruit,
A vu depuis longtemps tomber son dernier fruit.