Page:Van Hasselt - Poésies choisies, 1901.djvu/8

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On me pardonnera d’insister sur ces définitions et sur le caractère bien fixé désormais de notre entreprise, toute nouvelle[1], parce que de divers côtés, il m’a été fait des objections et qu’on m’a posé des questions à leur sujet. Je désire y répondre publiquement ici-même, ces Appels au Public étant devenus par la force des choses, une véritable tribune dont l’écho retentit très loin.

Un des plus nobles esprits, non seulement de Belgique (cela ne serait pas dire suffisamment), mais de ce temps-ci, M. Edmond Picard, avocat, juriste, homme politique, d’un mérite éclatant, et surtout écrivain, poète, et penseur d’avant-garde, a discuté la rédaction que nous avons adoptée[2]. D’après son sentiment, il eût été préférable de baptiser notre entreprise de cette façon : Collection des Poètes étrangers de langue française. Non pas, à mon avis. Cet arrangement de mots eût mal interprète nos intentions. Notre titre ainsi formulé Collection des Poètes français de l’Étranger, discuté et arrêté après mûre réflexion, indique mieux notre

  1. « C’est une idée des plus patriotiques, et, j’ai le regret de l’ajouter, des plus nouvelles, de grouper dans une même publication les productions de toutes les France littéraires de l’Étranger, pour les faire connaître à la mère-patrie. Votre œuvre m’intéresse au plus haut point. Votre notice sur les écrivains, français du dehors ma charmé, et puisque vous y indiquez, en finissant, qu’il appartient à l’Institut de France de seconder vos efforts, vous pouvez compter sur moi. La mission de notre pays est moins de grandir en surface qu’en hauteur. Et si nous ne pouvons espérer de rivaliser commercialement avec les langues allemande et anglaise, nous avons le droit de compter que la nôtre sera de plus en plus celle de la haute culture. » Lettre de M. Gabriel de Tarde, membre de l’Institut.
  2. On prépare à Bruxelles pour cet hiver une manifestation publique en l’honneur de M. Edmond Picard. Le Comité organisateur s’adresse avec raison en Belgique, à ceux qui, en dehors de tout esprit de parti, professent pour ce grand citoyen l’admiration due à sa puissante personnalité. Au moment même où j’écris ce Neuvième Appel à mes compatriotes, je reçois l’heureuse visite de mon plus ancien camarade barbiste et ami cher, Paul Beurdeley, avocat à la Cour d’appel de Paris, maire du VIIIe arrondissement. Il m’exprime en termes chaleureux son estime toute particulière pour M. Edmond Picard, et son regret de ne pas voir notre barreau parisien s’associer à ce témoignage de sympathie. Dans notre vieux Palais de Justice, on a conservé toujours présent le souvenir de la haute et mordante parole de M. Edmond Picard, apportant, au cœur même de notre prétoire, la preuve vivante de l’éloquence française, comme elle est si brillamment pratiquée au-delà de nos frontières.  G. B.