Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/152

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à des réticences mensongères, de manquer à des engagements solennels.

Qu’en agissant ainsi, au surplus, il ait cru de bonne foi, agir au mieux de l’intérêt national, nous ne songeons pas à le contester.

Certes, à côté des millions de Niederfullbach, il y eut les millions de la baronne Vaughan — les fameux trente millions, dont avait parlé le Handelsblad en 1908 —, et, pendant les dernières années du règne, la confusion parait avoir été complète entre la fortune personnelle de Léopold II, les biens de la Liste civile, les biens de la Couronne et ceux de l’État du Congo. C’étaient, en quelque sorte, des vases communicants où le Souverain puisait, à sa fantaisie, soit pour subvenir à ses dépenses personnelles, soit pour faire des donations manuelles à sa maîtresse, qu’il épousa religieusement in extremis, soit pour commencer les travaux dont l’achèvement incomberait à la Belgique.

Mais, étant donné que, systématiquement, il fit détruire avant sa mort tous les éléments de comptabilité qui eussent permis de voir clair — aussi bien les comptes de sa fortune personnelle ou de la Liste civile que ceux de l’État du Congo ou de la Fondation[1] —, on ne saura peut-être jamais comment son patrimoine, qui devait être, à un moment donné, beau coup plus considérable, se trouva officiellement réduit aux vingt millions de l’héritage des princesses et à l’avoir de Niederfullbach, de la Société de la Côte d’Azur et de la Compagnie des Sites.

Une chose est certaine, en tout cas, c’est que, dans l’hypothèse, d’ailleurs improbable, où ces créations juridiques pourraient être maintenus, le Roi serait arrivé à ses fins, malgré le Parlement belge, malgré l’abandon de sa Fondation congolaise.

Que voulait-il, en effet, et pourquoi défendit-il unguibus et rostro la Fondation de la Couronne ?

  1. Voir interpellation Vandervelde, à la séance de la Chambre des Représentants du 3 mars 1910.