Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/153

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Il voulait disposer de capitaux considérables dans un triple but : œuvres hospitalières et encouragements aux missions du Congo ; embellissement des résidences royales et travaux somptuaires en Belgique ; développement de la marine marchande.

Or, sur la promesse que la Fondation serait supprimée et son avoir intégralement remis à l’État, le Parlement belge consentit à mettre à la disposition de la Couronne deux fonds, l’un de 45.500.000 francs, l’autre de 50.000.000 de francs, sans compter les subventions annuelles aux missions et les dotations princières.

D’autre part, en ne remettant pas à la Belgique tout l’actif du Congo et de la Fondation, ainsi que ses ministres l’avaient solennellement promis en son nom, le Roi garda par devers lui des sommes considérables, — une quarantaine de millions au bas mot, — grâce auxquels les projets qu’il avait en vue devaient être exécutés par ses hommes de confiance.

Il obtenait ainsi, globalement, un capital-argent dont le revenu devait être sensiblement égal à celui qu’eût donné la Fondation de la Couronne, et l’on comprend que, dans ces conditions, il ait fini par consentir à supprimer cette dernière.

Mais lorsqu’à sa mort, que l’on n’attendait pas si tôt, ces faits durent être avoués, ou furent révélés au cours des opérations d’inventaire ; lorsqu’on apprit, en outre, que des fonds d’État congolais, de provenance suspecte, venaient d’être découverts dans la succession royale, l’opinion publique s’émut. MM. Vandervelde, Mechelynck et Janson interpellèrent. Ils mirent le Gouvernement en demeure de s’expliquer et de dire ce qu’il comptait faire. Ils demandèrent compte, spécialement, à M. Renkin, des paroles qu’il avait prononcées en 1908, lorsque M. Janson l’interrogeait au sujet de l’affaire des trente millions.

Au nom du gouvernement, le ministre de la Justice, M. Delantsheere, répondit, avec la tranquillité d’un homme