Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/167

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Nous retrouvons toujours, dans les projets de réforme du gouvernement, le même souci de ne rien demander, ou de demander le moins possible aux contribuables belges.

Alors que partout ailleurs, la métropole, dans les débuts, intervient, on veut, ici, que la colonie se suffise à elle-même, et l’on fixe le taux de l’impôt, non d’après ce que les nègres sont en état de payer, mais d’après ce que le gouvernement colonial doit recevoir pour boucler son budget.

La chose à faire eût été d’abolir immédiatement l’impôt en travail, d’établir des taxes en argent modérées, à mesure que le développement du commerce créerait une circulation monétaire, et de demander l’intervention de la Belgique pour combler, pendant quelque temps, le déficit du budget.

Au lieu de cela, on va demander, immédiatement, de 5 à 12 francs d’impôts, plus les impôts supplémentaires, à tous les indigènes qui ne seront pas dans l’impossibilité absolue de s’acquitter. On va généraliser hâtivement le système fiscal qui existe déjà dans le Bas Congo, où il soulève, de la part des contribuables, des plaintes légitimes.

Lorsque le ministre des Colonies passa à Thysville, en 1909, les chefs N’Gombé de la région lui remirent la pétition suivante, qui montre bien à quel point l’impôt en argent peut devenir vexatoire lorsque le taux en est excessif, lorsqu’il n’y a pas beaucoup de numéraire dans la région et lorsque les taxes ne sont pas dépensées dans l’intérêt des indigènes :

Le receveur des contributions, lorsqu’il arrive chez nous, ne veut pas prendre de l’étoffe, ou d’autres choses que nous sommes en mesure de lui offrir ; il ne veut prendre que des francs. Or, nous avons les plus grandes peines à nous procurer des francs. Aussi, nous désirons que le receveur prenne ce que nous sommes capables de lui donner pour paiement de nos taxes.
xxxx Nous ne recevons aucun avantage en échange de nos taxes. Jadis nous payions des taxes. Lorsqu’un homme établissait un pont sur une rivière, quiconque usait de ce pont acquittait un péage ; lorsqu’un homme voulait passer une rivière sur une pirogue de passage, il payait le passeur. Mais pour la taxe que nous payons maintenant à l’État, nous n’obtenons aucune contre-