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réclamaient aux caravanes qui demandaient à passer sur leurs territoires.

D’autre part, dans le Bas Congo, le commerce licite n’avait pas fait immédiatement disparaître la traite des esclaves. Pendant le troisième quart du xixe siècle, et spécialement de 1870 à 1875, les « négriers » qui s’aventuraient dans l’estuaire du fleuve donnèrent beaucoup d’ouvrage aux men of war anglais de la côte occidentale. Plus tard on en vit encore quelques-uns, mais de plus en plus rarement[1].

Par contre, les profits croissants du commerce et l’établissement de factoreries prospères, sur un territoire qui n’était soumis à aucune puissance européenne, avaient donné naissance à tout un système de piraterie, pratiqué par les Musorongo, tribu presque disparue aujourd’hui, mais qui, vers 1875, occupait les rives du Congo, depuis Banana jusqu’à Fetish Rock. Les petites embarcations de commerce devaient se grouper pour échapper à leurs attaques. Il arriva même que des voiliers, du côté de Punta da Lenha, furent assaillis et pillés par ces Musorongo, qui formaient parfois des escadres de sept à huit cents petits canots, montés par deux hommes seulement, et qui filaient avec une extraordinaire rapidité.

À Boma même, les indigènes étaient gouvernés par neuf chefs — les rois de Boma — qui s’entendaient avec les factoriens pour organiser, deux fois la semaine, des marchés auxquels participaient de quatre à cinq mille noirs. Ceux-ci échangeaient contre des marchandises européennes, leurs amandes (coconottes) et leur huile de palmes, non sans que les chefs fassent prélever, en leur faveur, une partie de ces produits, que la factorerie leur payait au même taux que le reste[1].

S’il faut en croire Bentley, le travail servile — à l’époque où il vint exercer son apostolat au Congo (1879) — était la règle dans tous les établissements commerciaux du bas fleuve.

Parmi les esclaves ainsi employés, les uns avaient été

  1. a et b Renseignements fournis par M. Alexandre Delcommune.