Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/248

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poser aux noirs des corvées d’assainissement qui leur eussent directement profité.

On peut dire la même chose des mesures qui seraient indispensables pour enrayer la propagation de la maladie du sommeil.

À ce point de vue, nous aurions bien des choses à apprendre dans les colonies voisines, et notamment dans la Deutsch Ost Afrika.

Les Allemands, en effet, ont pris contre la maladie du sommeil, qui ravage les rives du Tanganika, un ensemble de dispositions énergiques et efficaces. Ils font débrousser autour des villages, soit par les indigènes eux-mêmes, sous forme d’impôts, soit aux frais du gouvernement ; mais en tout cas, ce sont les indigènes qui doivent maintenir le débroussement. L’évacuation des villages n’est ordonnée que s’ils sont trop petits ; mais cette mesure, en général, est peu efficace, les indigènes revenant ordinairement au lac pour y pêcher. Chaque médecin — il y en a huit sur la rive allemande, pour deux sur la rive belge — a un petit lazaret de quelques huttes, où on met les malades sans domicile, les aliènes dangereux, les réfractaires au traitement. Tous les autres sont soignés chez eux, et les médecins font presque continuellement la navette d’une localité à l’autre. Il faut ajouter que les indigènes se soumettent, d’ordinaire, très volontiers au traitement et au contrôle, depuis qu’on ne les enferme plus. Dans l’ordonnance ou l’application des mesures prophylactiques, les médecins ont pleins pouvoirs et agissent dans la plénitude de leur indépendance vis-à-vis des autres autorités.

Il en est tout autrement au Congo belge, où tous les médecins qui ont pour mission spéciale de combattre la maladie du sommeil se plaignent de l’immixtion constante des chefs territoriaux.

« Tout le monde, ici, — m’écrivait l’un d’eux, — s’occupe de la maladie du sommeil, depuis le commissaire de district