Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/272

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C’est, d’ailleurs, l’avis presque unanime de ceux qui se trouvent sur place.

Nous avons cité l’opinion de MM. Sheppard et Morrison pour ce qui concerne le Kasaï.

De même, en avril 1910, le rév. Harris, dont les révélations sur ce qui se passait dans l’Abir soulevèrent, en leur temps, l’opinion anglaise et américaine, écrivait au Times une lettre sur les effets de la reprise, dont voici le passage essentiel :

Les informations que j’ai reçues me viennent de trois amis personnels, qui ont chacun une expérience de plus de dix années passées au Congo ; et ils sont séparés l’un de l’autre par une distance de plus de 150 milles. Le premier, après avoir signalé une amélioration générale, remarque dans son district que le taux de la natalité augmente rapidement ; actuellement dans une mesure telle qu’il « dépasse le taux de la mortalité ». Malheureusement, ce n’est là qu’une opinion basée sur une observation et non sur des statistiques ; quoi qu’il en soit, cette opinion a une valeur considérable. Un autre de mes correspondants entre dans plus de détails.

« Chacun semble être dans une condition très prospère… Je n’ai jamais vu autant de vivres au Congo qu’à présent… Le peuple vient en foule au marché le samedi, ployé sous ses charges, et cela fait du bien au cœur de voir le contraste avec ce qui se passait naguère… Le peuple parait heureux et content… Il y a des multitudes de petits enfants, abondance de nourriture, des bonnes routes entre les villages, partout le peuple est gras et florissant. »

Or, je connais acre par acre les parties habitables de ce district, et je le connaissais déjà quand le sang humain qui sert à acheter le caoutchouc en rougissait profondément les sentiers. Je l’ai connu sans ressources et désolé, avec une population mourant à vue d’œil par milliers, chaque année.

Pour moi donc, et pour tous ces loyaux partisans des réformes au Congo que compte le pays, c’est une cause de profonde reconnaissance que d’avoir pu arriver à un aussi grand résultat, car si tout ce qui s’est dépensé de temps, d’argent et d’énergie n’avait eu d’autre résultat que de transformer la situation de ce district, ces dépenses auraient reçu une abondante récompense.

Bien plus, il en ressort encore comme un puissant argument pour la continuation, et si possible, une augmentation de la pression de l’opinion publique. Et cela est d’autant plus nécessaire que l’on considère le troisième rapport, qui, en fait, émane du plus expérimenté de mes correspondants. Stationné aux avant-postes, bien loin des routes suivies par les autres missionnaires,