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chouc ou de l’ivoire devenait impossible, que les indigènes étaient contraints de remettre tous les « fruits domaniaux » aux agents de l’État, que ce nouvel état de choses engendrait d’incessantes palabres et provoquait de cruelles répressions.

Aussitôt les sociétés libres, et, surtout, le groupe puissant de compagnies commerciales belges que présidait M. Thys, dénoncèrent avec vigueur ce qu’elles considéraient comme une violation de la liberté commerciale garantie par l’Acte de Berlin. Elles s’en prirent même à la personne du Roi, inspirèrent contre lui une campagne de presse violente et firent, pour l’amener à composition, des efforts d’autant plus pressants qu’elles se trouvaient menacées dans leur existence même.

D’autre part, le Gouverneur général Camille Janssens, donna sa démission plutôt que de signer les décrets qui allaient avoir pour conséquence l’établissement du travail forcé.

Le Roi fut profondément irrité de ces résistances ; mais, tout en ne cédant rien sur les principes, il comprit la nécessité de jeter du lest. En conséquence, il proposa et fit accepter par les Compagnies un modus vivendi : le décret de 1891 fut considéré comme non avenu ; les circulaires furent rapportées, et un décret nouveau, du 30 octobre 1892, établit, pour un terme qui devait prendre fin à l’époque où la Belgique exercerait son droit de reprise, un régime transactionnel.

En vertu de ce décret, le territoire de l’État était divisé en trois zones, assez vaguement délimitées, soumises à des régimes économiques différents :

1° La zone formant le Domaine privé, stricto sensu, et comprenant les bassins du M’Bomou, de l’Uele, des rivières Mongala, Itimbiri et Aruwimi, du Lopori et de la Marinja, en amont du point ou ces cours d’eau forment la Lulonga, des lacs Léopold II et Tumba, de la Lukenié.

2° La zone comprenant le Mayombe et la région des cataractes, les rives du Haut Congo depuis le Pool jusqu’aux Falls, excepté celles des districts de l’Équateur et de l’Aruwimi, la rive gauche de l’Ubangi, en aval du confluent du M’Bomou,