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domaniaux » étaient moindres. Si l’on s’emparait par la force d’un stock d’ivoire, si l’on parvenait, en terrorisant les indigènes, à leur faire produire du caoutchouc à moins de 30 centimes le kilo, les primes atteignaient leur maximum.

Dès l’année suivante, il est vrai, une nouvelle circulaire de M. Fuchs, faisant fonctions de Gouverneur général (9 juin 1893), vint changer, non pas le système, mais le nom qui lui était donné : les gratifications s’appelleraient, à l’avenir, frais de perception, mais les tarifs restaient les mêmes.

Plus tard, après la lettre du comte d’Alvensleben, les « frais de perception » furent remplacés à leur tour par un système nouveau qui consistait (Circulaire du 3 janvier 1896) « à attribuer aux agents qui ont contribué directement ou indirectement aux récoltes, un certain nombre de points, suivant leurs mérites respectifs, la totalité de ces points étant représentée par 10. Il sera inutile de faire figurer sur les états de perception les commissaires de district ou les chefs d’expédition, car le gouvernement pourra, d’après les récoltes effectuées, juger de l’importance de leurs services ». Enfin, dernier avatar, une nouvelle circulaire du 31 décembre 1896 substitua au système les points, qui ressemblait encore trop à l’ancien système des primes, le système des allocations de retraite : le gouvernement se réservait formellement la faculté d’allouer ou ne pas allouer ces « récompenses » et, en principe, une allocation ne pouvait être accordée « au personnel des districts dont la situation ne serait pas, tant sous le rapport humanitaire et politique que sous le rapport économique, dans une voie de progression constante ».

Même sous cette forme atténuée, dont l’hypocrisie était un hommage à l’opinion publique dont l’éveil commençait, la participation des agents de l’État aux bénéfices de l’exploitation des indigènes continuait à présenter des inconvénients graves. Aussi, peu d’années après, le gouvernement fut-il obligé de prendre des mesures — au moins sur le papier — pour rendre moins arbitraire le régime du travail forcé.