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« Ce n’est pas sans un profond regret, sans un sentiment d’indignation que j’ai vu un membre du Parlement belge apporter le concours de son talent à une campagne menée à l’étranger sous l’empire de sentiments que je ne qualifierai pas, au moyen d’accusations qui ont été cent fois démenties et réfutées. Il fallait, Messieurs, que ce fût dans un autre parti que celui de l’ordre que ce langage peu patriotique se produisit[1]. »

Mais, quelques mois après, paraissait le rapport de la Commission d’enquête, dont les constatations officielles rendaient ces dénégations impossibles et obligeaient l’État du Congo à reconnaître que des réformes s’imposaient.


§ 2. — Les décrets du 3 juin 1906.


Si les rapporteurs de la Commission d’enquête eurent le très grand mérite de dénoncer, sans réticences, les abus et les crimes du travail forcé, ils n’allèrent pas, cependant, jusqu’à condamner le régime lui-même et se bornèrent à proposer les palliatifs qui leur paraissaient compatibles avec son maintien

« Nous nous trouvions — me disait un jour l’un d’eux — dans la situation d’un médecin appelé au chevet d’un ouvrier sans ressources, et à qui ce serait une dérision que conseiller du vieux bordeaux, des viandes saignantes et un séjour à la Côte d’azur. Étant donné le malheur des temps, tout ce que nous pouvions faire, c’était d’amorcer les réformes ultérieures, en prescrivant quelques remèdes urgents. »

La Commission se contenta donc de demander que la délégation de l’impôt soit enlevée aux compagnies commerciales, que la loi des quarante heures soit réellement appliquée, que les procédés de contrainte soient adoucis, que l’on supprime les sentinelles armées, que l’on recoure autant que possible à l’intermédiaire des chefs indigènes pour obtenir le paiement de l’impôt, que l’on permette, enfin, aux contribuables de s’af-

  1. Ibid., p. 1741.