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II. — La réquisition pour les travaux publics.


Antérieurement au voyage de la Commission d’enquête, un grand nombre de travailleurs au service de l’État n’étaient pas des ouvriers libres, mais des réquisitionnaires, engagés de force pour un terme de trois à sept ans, et pour un salaire de 3 à 6 francs par mois, plus la nourriture.

Ce recrutement forcé, qui était plutôt exceptionnel, lorsqu’il s’agissait de faire face aux besoins ordinaires des stations, devenait, au contraire, la règle, lorsqu’une vaste entreprise, telle que la construction d’un chemin de fer ou des travaux de fortifications, obligeait l’État à se procurer un nombre considérable de travailleurs.

Lorsque la Commission d’enquête arriva, par exemple, à Stanleyville, elle y trouva, employés à la construction de la section Stanleyville Ponthierville du chemin de fer des Grands Lacs, trois mille ouvriers recrutés par ordre supérieur dans la Province Orientale et dont quelques-uns seulement étaient en possession d’un contrat régulier. Elle demanda aux autorités locales comment étaient recrutés les autres, et, après des explications embarrassées, obtint cette réponse : « Ce sont des rebelles ».

La Commission d’enquête fit immédiatement observer que la loi congolaise ne prévoyait pas, et n’admettait pas ce régime de travail forcé, sans jugement et, pour mettre fin à cette violation de la loi, tout en assurant l’exécution des grands travaux d’utilité publique, elle suggéra que l’État devrait proclamer l’obligation pour l’indigène de participer à ces travaux : « Dans un pays neuf — disait-elle dans son rapport — ce devoir est aussi impérieux que celui qui incombe à tous les citoyens de concourir à la défense du territoire ».

En conséquence, la Commission proposait de faire deux parts parmi les hommes soumis à la conscription :

Les uns serviraient dans la force publique, les autres seraient