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Partout où il eût été dangereux de tendre la corde outre mesure — aux frontières, aux alentours des missions, sur les lignes de communication, — ordre était donné aux agents de se bien tenir et de ne pas trop exiger des indigènes.

C’est ainsi qu’une circulaire du gouverneur général Wahis, du 10 novembre 1900, relative aux frontières, disait :

« Il est recommandé d’une façon spéciale aux chefs de postes frontières de traiter avec bienveillance leurs travailleurs et indigènes… Dans les postes frontières, le rôle politique à exercer doit dominer toute autre considération, et il ne faut pas, à l’extrême limite de l’État, lever les impôts en nature. On se bornera aux échanges que les indigènes viendraient volontairement proposer et auxquels il serait nécessaire de consentir, dans l’intérêt des bons rapports réciproques. »

Pareilles instructions s’expliquent d’elles-mêmes : il convenait de se montrer sous un jour favorable aux officiers étrangers, et de ne pas donner aux indigènes la tentation de passer sur le territoire d’autres colonies.

Mais bien plus curieux et plus caractéristiques étaient les ordres donnés, quelque temps après, par le vice-gouverneur général Fuchs, aux agents qui opéraient aux abords d’une mission.

Ce haut fonctionnaire avait, le 14 mars 1903, envoyé à tous les commissaires de district une circulaire confidentielle insistant pour que l’autorité administrative évite, plus encore dans le voisinage des missions, notamment des missions protestantes, que partout ailleurs, tout ce qui pouvait être taxé de procédés violents à l’égard des indigènes.

Mais comprenant, après coup, l’impression que ferait pareil document, s’il venait à être divulgué, M. Fuchs fit une nouvelle circulaire confidentielle, le 23 octobre 1903, disant que le texte de la première pouvant offrir prise à une critique malveillante, il convenait de le rectifier et de lire :

« Si les procédés irréguliers, qui doivent être poursuivis n’importe où ils se produisent, sont fâcheux partout, ils le sont spécialement dans les environs des missions, les mis-