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Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/16

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La condition des indigènes.


Cependant, messieurs, nous constatons qu’après vingt ans, alors que les guerres entre les tribus ont cessé, alors que les traitants arabes ont été chassés du territoire, alors que la sécurité règne dans toute l’étendue de la colonie, la population y est moins nombreuse qu’elle ne l’était auparavant. On a essayé d’expliquer ce fait. On a dit que la dépopulation était due à des épidémies, à la petite vérole, à l’effrayante maladie du sommeil. Et certes, dans une certaine mesure, on a eu raison. Mais d’où provient la faible résistance des indigènes à ces épidémies ? Elle vient précisément du régime qui leur est imposé, des mauvais traitements qu’on leur inflige.

De même, dans nos villes industrielles, des milliers d’ouvriers meurent de la tuberculose ; mais pourquoi sont-ils plus frappés que les riches ? Parce qu’ils sont mal traités, mal nourris, déprimés par la misère.

À l’appui de cette affirmation que la dépopulation du Congo est en grande partie due au système d’exactions dont les indigènes sont victimes, i’ai le droit d’invoquer le rapport de la commission : il montre la différence effrayante qui existe entre un système de colonisation rationnelle et le système de colonisation qui existe au Congo.

Un système de colonisation rationnelle, de colonisation idéale, qui n’a d’ailleurs jusqu’à présent été réalisé que de manière très incomplète, ce serait celui qui laisserait aux indigènes la propriété des terres qu’ils occupent et leur reconnaîtrait le droit d’échanger, contre des valeurs égales, les produits de leur libre travail.

Or, le régime qui existe au Congo est exactement le contre-pied de ce système de colonisation idéale, et je n’exagère en rien en disant qu’il est fondé sur la confiscation des terres des indigènes, sur le travail forcé et sur un système de contrainte qui amène les plus effroyables abus.