Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/18

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la vie indigène et c’est ainsi que parfois, non seulement on a interdit le déplacement des villages, mais on a encore défendu à l’indigène de sortir de chez lui pour se rendre, même temporairement, dans un village voisin, sans être muni d’un permis spécial. »

Eh bien, messieurs, comment faut-il appeler ce système ?


Le servage.


On nous apprenait à l’école que, sous l’ancien régime, les hommes n’étaient pas libres, que les serfs étaient attachés à la glèbe. Qu’est-ce donc, si ce n’est le servage, que le régime qui interdit aux indigènes de quitter leur village et de se rendre dans un village voisin, même pour quelques jours, sans une permission de l’autorité ?

Et n’est-ce pas la spoliation des indigènes que la confiscation des terres sur lesquelles ils exerçaient leurs droits d’usage et qu’ils considéraient comme leur propriété collective ?

C’est ce que constatait récemment un missionnaire que la plupart d’entre vous connaissent, le R. P. Cus :

« Quels sont, disait-il, les droits terriers des indigènes ? Beaucoup, aujourd’hui, tranchent à leur aise ces questions.

« Il faudrait aller les étudier sur place. Tous ceux qui ne l’ont pas fait, je les récuse, fussent-ils professeurs de droit. Les sauvages du Congo ne sont pas précisément des nomades et, sans avoir la notion de la propriété individuelle, ils ont la propriété collective. Là où nous vivons, c’est au moins le cas.

« — Alors l’État n’a plus rien ?

« — Je vous demande pardon et je désire vivement que l’on sache exactement notre pensée. Il y a au Congo beaucoup de terrains que l’on peut appeler sans maîtres. L’État s’en empare et fait bien. Ce n’est pas tout. Il y a beaucoup d’autres terrains sur lesquels les noirs, formant des collectivités, peu nombreuses du reste, reven-