Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/19

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diquent des droits exclusifs. Est-il juste, est-il sage de s’en emparer gratuitement ? »

Eh bien, messieurs, cette transaction qu’on a faite dans toutes les colonies voisines, au Congo français, au Kameroun et dans la Nigeria, l’État du Congo s’est toujours refusé à la faire. Et la conséquence de cette attitude se trouve décrite dans le no 11 du Bulletin des missions catholiques du Congo, dans les termes que voici :

« En dehors des villages et d’une bande limitée de terres cultivées qui les entoure, le pays tout entier appartient aux sociétés financières ou à l’État indépendant ; nul ne peut s’y installer sans leur autorisation, et cette autorisation, depuis deux ans, est systématiquement refusée aux missions catholiques. »

En somme donc, les nègres congolais ont été spoliés de leurs terres et la commission constate qu’en beaucoup d’endroits il leur est impossible de faire le commerce parce que tous les fruits appartiennent au domaine.


Le travail forcé.


Mais ce n’est pas tout : après leur avoir pris leurs terres, on leur a imposé le travail forcé. Je sais que l’on décore ce régime de corvées du nom d’« impôts en nature », et nous avons entendu naguère l’honorable ministre des affaires étrangères et l’honorable ministre des finances nous dire : « L’impôt et même la corvée n’existent-ils pas en Belgique ? D’ailleurs l’impôt en nature, établi par l’État du Congo, ne comporte que des charges légères : on se borne à imposer aux nègres 40 heures de travail par mois ! »

Or, quand l’honorable ministre des affaires étrangères tenait ce langage, en juillet 1903, la loi ne fixait pas encore la durée des prestations imposées aux indigènes. La loi des 40 heures était encore en projet et c’était arbitrairement que l’on taxait les populations. Dans