Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/24

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est tout naturel que l’on doive avoir recours à un système de contrainte pour les obliger au travail.


Les crimes de la colonisation !


Ici encore, messieurs, je vous renvoie au rapport de la commission ; vous y verrez quels sont les moyens qui ont été mis en œuvre pour exercer cette contrainte : la chicote, le nerf d’hippopotame, qui laisse des traces sanglantes sur le corps de ceux à qui on l’inflige, les travaux serviles imposés aux chefs, la prise d’otages, qui fut recommandée en 1897, dans une circulaire officielle par le baron Wahis, gouverneur général actuel de l’État du Congo, et enfin, ce qui est plus terrible, je le disais tout à l’heure, la surveillance des capitas ou des sentilis, des soldats noirs de la force publique, dont l’intervention est indispensable au fonctionnement du système.

Voici ce que dit sur ces soldats noirs le rapport de la commission :

« D’après les témoins, ces auxiliaires, surtout ceux qui sont détachés dans les villages, abusent de l’autorité qui leur a été confiée, s’érigent en despotes, réclament des femmes, des vivres, non seulement pour eux, mais pour le cortège de parasites et de gens sans aveu que l’amour de la rapine ne tarde pas à associer à leur fortune et dont ils s’entourent comme d’une véritable garde du corps ; ils tuent sans pitié tous ceux qui font mine de résister à leurs exigences et à leurs caprices. »

Voilà ce que l’on appelait, lors du débat de l’année dernière, des gardes forestiers, comparables aux pacifiques fonctionnaires de l’honorable M. van der Bruggen ! Et quand les indigènes s’insurgent contre les sentinelles, quand ils répondent à la violence par la violence, on fait ce que le rapport de la commission appelle des expéditions punitives et, ici encore, pour votre édification, je suis obligé de citer :

« L’ordre confié au commandant du détachement est (était) alors généralement libellé de la manière suivante :