Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/25

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N… est chargé de punir ou de châtier tel village. La commission connaît plusieurs expéditions de ce type. Les conséquences en ont parfois été très meurtrières. Et il ne faut pas s’en étonner. Si, au cours des opérations délicates qui ont pour but la prise d’otages et l’intimidation des indigènes, une surveillance de tous les instants ne peut pas toujours empêcher les instincts sanguinaires des noirs de se donner libre carrière, lorsque l’ordre de punir vient d’une autorité supérieure il est bien difficile que l’expédition ne dégénère pas en massacres accompagnés de pillage et d’incendie.

« L’action militaire, ainsi comprise, dépasse donc toujours le but, le châtiment étant en disproportion flagrante avec la faute. Elle confond dans une même répression les innocents et les coupables. »

Messieurs, je vous le demande à tous, car, je le disais en commençant, il ne s’agit pas ici d’une question de parti, mais d’une question d’humanité ; y a-t-il dans cette Chambre, y a-t-il en Belgique un seul homme qui ose prendre la défense du système des otages, des sentinelles, des expéditions punitives, et dire qu’il est bien, qu’il est juste, qu’il est nécessaire que, quand on incendie un village, quand on massacre ses habitants, l’on frappe à la fois les innocents et les coupables, en laissant à Dieu le soin de reconnaître les siens ?

Mais, me répondra-t-on, ces faits nous inspirent la même horreur qu’à vous ; seulement, l’État indépendant du Congo n’en est nullement responsable : il a toujours puni ceux qui les commettaient ; il a publié d’innombrables circulaires dans lesquelles il enjoignait à ses agents de se conduire avec humanité.


La responsabilité de l’État du Congo.


À cela, messieurs, je réponds que l’État indépendant est responsable d’abord parce qu’il a toléré ces faits, ensuite parce qu’il les a encouragés, enfin parce qu’il en a profité.