Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/26

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Je dis d’abord qu’il a toléré ces faits, et la commission le constate, car elle dit que sa conviction a été faite, moins par les témoignages des noirs, ou même par les témoignages des missionnaires, que par les jugements, les circulaires, les rapports officiels dont elle a réclamé la communication.

Ainsi, l’on s’est borné à constater officiellement une situation que tout le monde connaissait auparavant. Et lorsqu’on vient nous dire que les auteurs des atrocités congolaises étaient poursuivis devant les tribunaux, je reprends encore le rapport de la commission et je le mets en regard d’autres rapports qui ont été adressés précédemment au Roi-Souverain.

Le 15 juillet 1900, par exemple, les secrétaires généraux, s’adressant au Roi-Souverain, lui disaient : « Les statistiques judiciaires témoignent de la vigilance avec laquelle le parquet recherche les infractions et vise à ne laisser aucun délit impuni. »

Voyons maintenant ce que dit la commission : « Les infractions commises à l’occasion de l’exercice de la contrainte n’ont été que rarement déférées à la justice. »

En 1900, les secrétaires généraux disaient dans leur rapport au Roi-Souverain : « Le gouvernement n’hésite même pas à dire que dans la répression des actes de mauvais traitements, un excès de sévérité répond davantage à ses vues qu’un excès d’indulgence. »

On ne saurait mieux dire.

Voyons maintenant le rapport de la commission :

« La commission a constaté que, très souvent les instructions commencées par des substituts, à charge de blancs accusés d’avoir maltraité des indigènes, étaient restées sans suite par décision administrative. »

Par décision administrative ! On a rarement poursuivi les méfaits commis à l’occasion de la contrainte ; on a arrêté les instructions commencées par des magistrats qui avaient conscience de leur devoir et l’on ose prétendre que l’on péchait plutôt par excès de sévérité que par excès d’indulgence.