Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/27

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J’ai dit en second lieu que l’État indépendant n’avait pas seulement toléré les abus, mais qu’il les avait encouragés. Je rappelais tout à l’heure la circulaire du général Wahis qui engagait ses subalternes à prendre des otages. J’ai prouvé, l’année dernière, qu’on accordait aux agents de l’État indépendant des primes sur le caoutchouc et l’ivoire, dont l’importance était fixée en raison inverse des prix auxquels on s’était procuré ces matières. Je ne veux pas revenir sur ces faits que l’on a niés d’abord, qu’il a fallu avouer ensuite et dont le rapport de la commission constate l’existence.

Le rapport ajoute, il est vrai, que les primes ont été remplacées depuis, mais nous savons qu’elles ont été remplacées par des pensions. Or, les agents n’ont aucun droit à ces pensions ; pour les obtenir ils doivent avoir rendu des services à l’État indépendant et on sait que le premier service qu’il réclame, c’est de lui procurer du caoutchouc et de l’ivoire.

Mais, ce qui est plus grave que les primes accordées pour la récolte de l’ivoire et du caoutchouc c’est que l’État, qui avait supprimé sur son territoire la traite des nègres, n’a pas hésité à la rétablir dans le but de recruter des soldats pour la force publique.


Le rétablissement de la traite des nègres.


Voici, à cet égard, le texte d’une lettre, signée par M. Van Eetvelde, secrétaire général de l’État indépendant du Congo, qui fut adressée, il y a plusieurs années à plusieurs officiers belges, en partance pour le Congo :

« Il sera alloué par l’État Indépendant, pour chaque enrôlé, une prime d’engagement fixée comme suit : 90 frs. par homme sain et vigoureux, jugé immédiatement apte au service militaire et ayant un taille dépassant 1m55 ; 65 francs par jeune homme avant au moins 1m35 de taille ; 15 francs par enfant mâle. Les enfants mâles