Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/38

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au contrôle du parlement, peut exécuter les travaux qui lui plaisent, peut dépenser de l’argent à pleines mains, peut consacrer trente millions à l’embellissement du palais de Laeken, se disant qu’en dernière analyse, c’est la Belgique qui payera !

Il importe, en effet, messieurs, de voir clair, autant que possible, dans les finances de l’État indépendant du Congo. Je dis autant que possible, car, par la faute du gouvernement, nous ne sommes que très insuffisamment renseignés : naguère, en échange du prêt de 31 millions que la Belgique avait fait à l’État indépendant du Congo, elle avait le droit de réclamer des renseignements sur sa situation financière. Nous avons eu le compte des recettes et des dépenses de l’État en 1890, en 1891, en 1892 et en 1893. Puis plus rien ! Et en 1900, malgré l’opposition d’hommes comme MM. Beernaert et De Lantsheere, les Chambres ont décidé que l’État indépendant du Congo n’aurait plus à nous fournir aucun renseignement et qu’il n’y aurait plus aucune limite à sa faculté d’emprunter. Quels ont été les résultats de cette émancipation financière ?


130 millions de dettes !


M. Cattier, dans son livre, s’est efforcé de le calculer. Il a pris les intérêts de la dette payée chaque année par l’État et, par des procédés, aussi exacts que possible, il les a capitalisés. Or, voici quels sont les résultats de ces calculs : le montant total de la dette était, en 1898, de 2 millions 283,000 francs ; en 1899, de 12,533,000 francs ; en 1900, de 12 millions 783,000 francs ; en 1901, de 15,672,000 francs ; en 1902, de 41 millions 973,000 francs ; en 1903, de 35,939,000 francs ; en 1904, de 55 millions 939,000 francs ; en 1905, de 80,631,000 francs ! Et, à ce chiffre de 80 millions, il faut ajouter les 31 millions prêtés par la Belgique et le produit net de l’emprunt à lots du Congo, produit net que l’honorable M. Cattier évalue à 50 millions, ce qui fait donc, indé-