Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/39

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pendamment des sommes prêtées par la Belgique, un total approximatif de 130 millions, qui représente la dette actuelle de l’État du Congo, dette qui, le cas échéant, devrait être reprise par la Belgique.

Avais-je raison de dire tout à l’heure que les travaux somptuaires qu’on exécute à Laeken, à Bruxelles ou à Ostende se font avec l’argent des contribuables ?

Sans doute, messieurs, on m’opposera que les chiffres que je viens d’indiquer ne sont que des évaluations. Soit, je le reconnais, mais alors qu’on nous donne des chiffres plus précis, qu’on nous rassure sur l’avenir, qu’on fasse la lumière sur une situation qui doit nous préoccuper, car, en définitive, nous encourons tous une lourde responsabilité en laissant s’aggraver chaque jour une situation dont le peuple belge devra supporter plus tard les conséquences.

Ce qui est particulièrement déplorable dans cette situation, c’est qu’il semble bien que les 130 millions empruntés par l’État du Congo n’ont pas servi au développement économique de la colonie. En effet, pour autant qu’on puisse attacher quelque créance aux prévisions budgétaires publiées chaque année par l’État indépendant, le déficit total serait actuellement de 27 millions. Or, on a emprunté 130 millions. De 130 millions, ôtez 27 millions, il reste plus de 100 millions qui semblent avoir été placés ou dépensés ailleurs qu’au Congo.

Messieurs, on a vu quelquefois, et l’on voit encore, des métropoles qui exploitent leurs colonies et qui se servent des bonis coloniaux pour des travaux à exécuter ailleurs que dans les colonies ; mais il a fallu l’État du Congo pour donner au monde ce spectacle étrange d’un gouvernement colonial qui emprunte de l’argent, au compte de sa colonie, pour faire des entreprises de spéculation dans d’autres pays et dans d’autres continents, par exemple, en Chine ou en Belgique !

Certes, on ne manquera pas de dire : Vous vous effrayez du chiffre de la dette congolaise, mais vous oubliez la contre-partie de cette dette : le portefeuille de l’État indépendant.