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Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/47

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Ce que peut la Belgique.


On nous dira sans doute : nous sommes désarmés, nous sommes impuissants. Je réponds : il n’en est pas ainsi ; nous avons des moyens d’action sur l’État indépendant. D’abord la Belgique est signataire de l’acte de Berlin et il est incontestable que les agissements de l’État indépendant sont contraires à l’article VI, relatif à la protection des indigènes.

Ensuite les Chambres ont voté, il y a quelques années, l’autorisation pour le Roi d’être en même temps souverain de l’État indépendant du Congo. Ce n’est pas une loi, ce n’est pas un article de la Constitution, c’est une autorisation donnée par le parlement et qui pourrait être soit révoquée, soit subordonnée à certaines conditions de réforme.

Enfin, en troisième lieu, j’ai montré à plusieurs reprises, que la Belgique prête à l’État indépendant ses officiers, ses diplomates, ses fonctionnaires. Elle pourrait tout au moins subordonner le maintien de cette autorisation à l’accomplissement des réformes qui s’imposent.

Nous sommes donc armés. Ce n’est pas le pouvoir d’agir, mais la volonté d’agir qui manque au gouvernement et je dois avouer que, de sa part, je n’attends pas grand’chose, car ce qui a marqué sa politique dans ces dernières années, c’est une passivité complète à l’égard du Souverain de l’État Indépendant du Congo. On avait d’abord dit que l’union personnelle n’entraînerait aucune charge pécuniaire pour la Belgique : elle en entraîne. On avait dit que nous aurions des renseignements sur la situation économique du Congo : on les supprime ; on a finalement fait voter par le parlement la loi de 1901, qui nous enlève jusqu’au droit de réclamer ces renseignements.

Eh bien, messieurs, qu’adviendrait-il, si une éventualité, qu’il est permis de prévoir, car tous nous sommes mortels, venait à se produire ? Nous aurions du jour