Page:Vapereau - L Annee litteraire et dramatique - 1869.djvu/69

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treprises financières, et lui facilitera le chemin du pouvoir et des honneurs. Mais il la méprise, au fond, comme tout son sexe, comme le genre humain tout entier, à l’exception de lui-même.

Mme Frainex entre d’abord, sans en apercevoir le but, dans cette voie d’ambition tracée devant elle par son mari. Elle ajoute à son crédit ; elle obtient et dispense en son nom des grâces ou dés actes de rigueur. L’un de ces derniers, la destitution d’un instituteur, est une violente et cruelle injustice. Effrayée tout à coup de la conséquence de ses actes, elle en demande compte à son mari qui la traite en enfant mutine et folle. La lutte commence, grandit et ne s’arrête qu’à la rupture complète de tous les liens, M. Frainex, atteint dans son autorité personnelle, veut rattacher sa femme à sa volonté et à son ambition par l’obéissance religieuse. Il la renvoie au prêtre qui ne fait que lui débiter des lieux communs dont les exagérations attisent la révote au lieu de la comprimer. L’auteur prête inutilement à ce confesseur brutal et maladroit une passion grossière pour sa pénitente.

Trahie par sa religion, Mme Frainex trouve un refuge dans sa conscience, qui, dans une de ces minutes lumineuses où la recherche de la vérité aboutit à une intuition inattendue, lui révèle qu’elle est un être inviolable et libre. Elle prend possession de sa dignité et de sa loi ; le sentiment de ses droits lui devient aussi sacré que la pudeur. Dès lors elle oppose à toutes les vues coupables de son mari une résistance ouverte, insurmontable. En vain celui-ci se venge par les plus vils moyens, elle le domine par sa force morale et par son mépris. Pour dénouement, M. Frainex, après avoir ruiné sa femme et s’être ruiné lui-même, meurt dans un duel avec un de ses amis dont il a indignement trahi la confiance, et Mme Frainex se consacre à une œuvre de dévouement et de progrès, les écoles professionnelles de jeunes filles. Alors un second mariage avec un homme pauvre, mais digne d’elle par Île cœuret par la raison, vient réparer les injustices et les douleurs de sa première union.

Le principal défaut des romans du genre de Madame Frainex, et c’est leur premier mérite aux yeux des coreligionnaires de l’auteur, est de donner trop de place dans le drame aux préoccupations philosophiques et religieuses. Ces