Page:Varenne de Beost - La cuisine des pauvres, 1772.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
47
& ſur le Pain économique.

ner le poids néceſſaire à cette planche, on la surcharge de plomb ; elle doit être percée de pluſieurs trous, pour laiſſer paſſage à l’eau que l’on verſe de temps en temps ſur les Pommes, pendant l’opération, pour la faciliter.

Au moyen de deux chevilles, ou mains placées de chaque côté du coffre, on l’agite, en pouſſant en avant & retirant à ſoi. La planche qui pèse ſur les Pommes contenues dans ce coffre, les aſſujettit au fer, & ce qui s'en trouve grugé à chaque coup de main, tombe par la lumière en bouillie fine que reçoit un vaſe placé deſſous.

La planche baiſſe à mesure que le volume des Pommes diminue, & l’on n'attend pas qu'il n'en reſte plus dans le coffre pour le remplir, ce que l’on fait ſucceſſivement, jusqu'à ce que l’on ait préparé la quantité dont on a beſoin. Ce travail n'eſt ni long, ni pénible.

J'ai dit que l’on pelé les Pommes de terre avant de les râper, c'eſt afin que le Pain ſoit plus blanc & plus délicat ; mais cette attention n'eſt pas abſolument néceſſaire. Il n'en réſulterait jamais la même différence qu'il y a du Pain blanc au Pain bis de Froment, car la proportion de l’épiderme à la pulpe de cette groſſe racine, n'eſt pas à beaucoup près, la même que celle de l’écorce d'un grain de Bled, au peu de Farine qui y eſt contenue. Si l’on vouloit faire une grande quantité de ce Pain, & qu'on n’y recherchât pas une blancheur ni une délicateſſe extrême, on épargnerait le temps & la peine de cette opération, qui d'ailleurs ne peut ſe faire ſans perte. II n'eſt pas plus néceſſaire de faire cuire les Pommes. Étant râpées toutes crues, le Pain n'en eſt pas moins bon. J'ai même remarqué que la bouillie faite de ces Pommes fraîches, ne s'incorpore que mieux avec la Farine de Froment. On y joint telle quantité que l’on veut de cette Farine, ſelon l’abondance ou la rareté du Bled, & le plus ou moins de qualité que l’on veut donner à ce Pain. Avec un tiers de Farine & deux tiers de Pommes de terre, on fait du Pain très-mangeable, à parties égales ; le Pain eſt bon ; & si l’on met deux tiers de Farine ſur