Page:Variétés Tome I.djvu/130

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de ses amis, il eust langue que c’estoient les mesmes qui avoient fait la susdicte visite.

Ces deux juges se voyent, prennent resolution de donner la chasse à ces cabalistes, et pour ce subject y envoient le chevalier du guet et ses archers, qui, venus, frappent à la porte, font commandement d’ouvrir de par le roy. Les frères refusent l’ouverture, respondent insolemment ; enfin, les portes rompues, ne se trouve en la maison que les murailles4.

Un jeune homme de bonne maison, amoureux de la fille d’un droguiste, ne pouvant parvenir à ses desseins, tombe malade. Un des frères de la Rosée-Croix, desguisé en medecin5, le va voir, luy dit la cause de sa maladie, luy promet la jouissance de ses desirs ;


4. Dans l’Advertissement pieux et très utile, etc., pag. 5, l’apparition des Rose-Croix à un avocat de Paris est racontée d’une manière moins défavorable pour eux, bien qu’elle aboutisse aussi à une fuite prudente : « Selon le commun bruict, se sont apparus à un advocat qui faisoit des escritures pour une de ses parties ; mais étant survenu quelqu’un qui avoit affaire à luy, après luy avoir dit qu’ils reviendroient une autre fois, soudain ils disparurent ; ce que l’advocat ayant raconté à un sien amy quelques jours après, on dit que ces frères s’apparurent de rechef à luy dans le faubourg Saint-Germain, et luy reprochèrent qu’il n’avoit pu garder le secret, qui est le premier principe de leur secte, et qu’oncques depuis il ne les a reveus. »

5. Tous les frères de la Rose-Croix, et, « de quatre qu’ils estoient au commencement, ils s’estoient accreuz et augmentez jusqu’au nombre de huit », s’arrogeoient la grâce de guerir les malades, grâce « si abondante en eux que la multitude des affaires leur causoit de l’empeschement. » G. Naudé, Instruction à la France, etc., pag. 33, 35, 36.