Page:Variétés Tome I.djvu/241

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Leur fit bien, dessus ce sujet,

À toutes changer de projet.

Cette petite revoltée s’appeloit la Gueuse, qui arriva d’une petite ville autour de Paris, qui s’en vint comme une enragée faire un vacarme epouvantable ; elle leur dit, quoy qu’elle ne fut pas de si bonne maison, qu’elle avoit le cœur aussi bien placé qu’une autre, et que, quand elle seroit toute seule de son party, elle ne souffriroit pas que de semblables injustices demeurassent impunies ; qu’elle ne sçavoit pas quel refuge elles avoient decidé de prendre, mais que, pour elle, elle n’avoit pas assez d’esprit pour decouvrir où elle pourroit se retirer, puisqu’on ne lui offroit pas même une place à l’hospital ; que, si on la vouloit croire, elle engageoit sa chaînette qu’elle les remettroit toutes dans leur eclat ; qu’au reste, elles ne doivent pas estre si degoustées que de ne vouloir faire alliance avec elle ; qu’elle avoit eu pour le moins d’aussi beaux emplois que les autres, et que, si on s’estoit servi d’elles pour le faste et pour eblouir les yeux, que, pour sa discretion, on lui avoit confié les plus grands secrets des dames.

Tout ce discours rempli d’audace
Fit regarder chacun en face ;
On fut un temps sans dire mot,
Chacun croyant estre un grand sot ;
Puis, rompant ce morne silence,
Chacun, pour dire ce qu’il pense,
Voulant parler à haute voix,
Tous commencèrent à la fois ;