Page:Variétés Tome I.djvu/375

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Il paist nostre faim plus grosse,
Et l’on retrouve en la sausse
L’appetit perdu souvent :

De mort il le rend vivant.

Nutritive est la fumée
À la personne affamée ;
Et, si vous ne me croyez,
Feuilletez les plaidoyez.
Entre la Rotisserie,
Jadis, et la Gueuserie,
Il se mut un gros procez.
N’ayant mangé leurs pains secz,
Mais, au flair de la viande,
Les gueux payèrent l’amende6 ;


6. « À Paris, en la roustisserie du Petit-Chastelet, au devant de l’ouvroir d’ung roustisseur, un facquin mangeoit son pain à la fumée du roust, et le trouvoit, ainsy parfumé, grandement savoureux. Le roustisseur le laissoit faire. Enfin, quand tout le pain fust bauffré, le roustisseur happe le facquin au collet, et vouloit qu’il luy payast la fumée de son roust. Le facquin disoit en rien n’avoir ses viandes endommaigé, rien n’avoir du sien prins, en rien luy estre debiteur. La fumée dont est question evaporoit par dehors : ainsi, comme ainsi se perdoit-elle, jamais n’avoit esté dit que dedans Paris on eust vendu fumée de roust en rue. Le roustisseur replicquoit que de fumée de son roust n’estoit tenu nourrir les facquins, et renioit, en cas qu’il ne le payast, qu’il luy osteroit ses crochets. Le facquin tire son tribart, et se mettoit en deffense. L’altercation fust grande ; le badaud peuple de Paris accourut au debat de toute part. Là se trouva à propos Seigni Joan, le fol citadin de Paris.