Page:Variétés Tome II.djvu/114

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envoyé querir l’antimoine preparé pour s’empoisonner, et que ses vomissemens estoient le rejet du venin qu’il avoit pris.

Il apprehendoit la condamnation aux gallères, et prioit la justice que, si, par les loix de France, son crime estoit punissable de ceste peine, que plustost on le fist mourir, attendu qu’il avoit un catarre ordinaire et une grande indisposition d’estomac, et mesme qu’il estoit mal propre et inhabile à la rame, à cause des playes qu’il s’estoit faites ès deux bras. Il recommendoit souvent sa femme et ses enfans à la justice.

Est à remarquer que Fava avoit esté soupçonné de plusieurs autres faulsetez faites à Naples, Venise, Milan et Gennes, et fut interrogé sur memoires baillez à cet effet ; toutefois il desnia tout, et dit que l’Italie ne manquoit pas de gens d’esprit, et que quand un arbre penchoit chacun s’appuyoit contre. Hors l’interrogatoire, et particulièrement, il recogneut à Bertoloni le vol des quatre cens escus en or qu’il avoit pris en son cabinet, mais le prioit de n’en rien dire, afin de ne point aggraver son crime.

Toutes les choses s’estant ainsi passées, le procez mis en estat, veu par maistre Pierre Forestier, procureur du roy en la grande prevosté de la connestablie, conclusions par luy baillées, le procez distribué à maistre Roland Bignon, advocat en Parlement, pour en faire son rapport, enfin, le samedy vingt-deuxiesme mars, il est mis sur le bureau de la connestablie et mareschaussée, où seoient pour juges messieurs les grand prevost et lieutenant de la con-