nestablie et mareschaussée, messieurs du Hamel, Dogier, Loisel, le Maison, Leschassiers, de Brienne, Mornac, Bignon, rapporteur ; Desnoyers et Fardoil, advocats en Parlement. Le procez rapporté et les pièces veuës, le jugement, à cause de l’heure, remis au lundy.
Fava, ayant eu l’advertissement que l’on le jugeoit, se resolut de prevenir la honte de son supplice par un courage malheureux ; et, d’autant qu’auparavant il avoit trois ou quatre fois manqué à sa mort, le froid ayant retenu son sang dans ses veines, l’antimoine luy ayant esté osté, le poison qu’il avoit pris sorty de son corps sans luy nuire, il s’advisa de faire en sorte qu’il n’y fallust plus retourner. Sa femme l’estant venu voir le samedy mesme, il luy fit entendre qu’il desiroit manger d’une certaine paste à l’italienne, qu’autrefois elle luy avoit desjà faite, et luy commanda, quand elle seroit de retour en sa chambre, de faire de ceste paste et la luy apporter. Suivant ce commandement, le lendemain, qui estoit le dimanche vingt-troisiesme de mars, la femme de Fava luy envoye par son fils aisné la paste qu’elle avoit faite. Fava, ayant receu ceste paste, en rompt un morceau et met dedans quantité d’arsenic qu’il avoit eu (on n’a peu sçavoir comment par l’information qui en a esté faite31), prend le poison et l’avalle. Il prevoyoit sa mort infailliblement, d’autant qu’il avoit pris six fois plus de poison qu’il n’en falloit
31. Les apothicaires avoient ordre de ne vendre d’arsenic à qui que ce fût. On verra, par le passage suivant d’une lettre de Malherbe à Peiresc (17 juillet 1615), qu’ils obser-