Page:Variétés Tome II.djvu/177

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8. Cognoissans que l’une des premières et principalles corruptions de toute republique est l’oysiveté, comme celle par laquelle non seulement tout peché prend sa source, mais aussi sa nourriture et accroissement ; desirant songneusement que ce vice ne provigne6 aucunement entre nous, nous prohibons et defendons toute oysiveté en nostre convent, en quoy entendons que chacun soit si estroit et religieux observateur de ceste loy, que ne voulons qu’il soit proferé aucune parolle oyseuse et sans effect.

9. Ce neantmoins, par ce que nous ne sçaurions du tout estranger les pauvres de nous, suyvant ce qui est escript : Pauperes semper vobiscum habebitis7, nous, pour ceste occasion, ne voulans en rien dementir l’Escripture, ne rejectons d’entre nous les pauvres et mendians, ores qu’ils fussent valides, lorsqu’il ne tient point à eux qu’il ne soient mis en besongne ; et singulièrement recommandons à toutes dames et demoiselles avoir pitié des pauvres honteux qui ne demandent l’aumosne publiquement aux


de ceste nostre compagnie. » Sur ce mot, pris dans le sens de chasser, pousser hors des limites (ex terminis), et dont Racine a fait tant de fois un éloquent usage, on peut lire une dissertation dans le Journal littéraire de Clément, t. 2, p. 58.

6. Mot emprunté à la langue des vignerons, qui appellent provin la branche de vigne d’où doivent sortir les nouvelles souches. Pasquier se sert ailleurs du mot provigneur, qui en vient aussi. Il parle, dans ses Recherches de la France (liv. 5, ch. 14), d’un tas « d’escoliers italiens que l’on appelle docteurs en droict, vrais provigneurs de procez. »

7. Var. : habetis.