Lors ce haut de chausse estoit neuf.
Si vous le voyez plein de tailles,
C’est qu’il a veu maintes batailles
À Dreux, Jarnac et Moncontour ;
À Sainct-Denys fut sa deffaicte :
Un goujat l’eut pour sa conqueste,
Qui ne le portoit qu’au bon jour.
Il estoit aux troupes des reistres
Lors que deux ou trois cens belistres
Furent deffaits dedans Auneau12 ;
Puis il vint à la Fripperie,
Où Jean, qui hait la braverie
L’eut en eschange d’un moyneau.
C’est son compagnon plus fidèle :
Soit qu’il travaille à la Tournelle,
Soit qu’il ballie sa maison,
Soit que par fois il aille au Louvre,
De ce haut de chausse il se couvre,
Qui est propre en toute saison.
Pour conserver ceste relique,
Qui sert tant à la republique,
Jean, qui sçait bien son entregent13,
avoient du taffetas en telle quantité, qu’ils doubloient ces chausses et les appeloient Chausses bouffantes. » Édit. du Panthéon littéraire, t. 1, 578–580.
12. En 1587, le duc de Guise, qui avoit déjà battu les reîtres à Vimory le 26 octobre, les défit encore à Auneau, en Gatinais, le 11 novembre, et amena ainsi leur capitulation à Lancy.
13. Expression déjà depuis long-temps à la mode (V. de La Noue, Dict. de rimes (1596), p. 299), et dont Beroalde se moque ainsi : « Je m’étonne, fait-il dire à Ramus par-