Page:Variétés Tome II.djvu/267

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cour. Les uns vous diront que c’est un grand bien que la multiplication ; les autres soutiendront que non, et, faisant des argumens à boisseaux sur la pointe d’un esguille, diront, avec le bonnet sur le coin de l’aureille : Vel est, vel non est ; aut est verum, aut est falsum. Ainsi ce sera un plaisant passe-temps d’Antimèmes, qui eschauferont plus la teste que l’estomach. Revenons à nostre matière (je ne dis pas à celle qui vous pourroit bien brider le nez), mais à ce miracle extraordinaire de nature. Vous apprendrez donc, Messieurs, qu’un jeune homme ne fut pas si tost marié qu’il eut une femme, et bien davantage, car, deux jours après ses nopces, il trouva, revenant de quelque visite, deux plaisans resveil-matin au chevet de son lict, qui, luy rompant la teste plus que de coustume, attendu que c’estoit de la façon de sa chaste femme, il en voulut avoir raison par la justice. Donc grand debat entre les parties ; mais, sur toutes leurs contestations, à cause de la grande diligence et du grand mesnage de la dite femme (dont le juge mesme en pouvoit discourir pertinement), et veu l’orgueil du compagnon, l’on mit les parties hors de cour et de procez, sauf au pauvre badin de se pourvoir par devers les rentrayeurs pour retressir sa dite femme.

Tertio, estant à Soissons, j’allay loger en une hostellerie qui ne se nomme point, où l’on estoit fort bien traicté pour son argent et où l’on n’engendroit point de melancolie ; mais au reste une grande question estoit agitée à chaque quart d’heure entre la maistresse du logis, sa fille et sa servante. Si vous estes bons coursiers, je vous baille de bonne avoyne ;