Page:Variétés Tome II.djvu/28

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commençant à grisonner, se logea et habita dedans le bourg de Madrigal, lequel n’est guères loing de


« d’où il résulteroit, dit-il, que D. Carlos auroit vécu longtemps après l’époque où l’on suppose que son père le fit assassiner… Elle prouve au moins, ajoute-t-il, que le sort de ce prince fut toujours un problème, même du temps de Philippe II, qui ne mourut qu’en 1598. » Malheureusement, encore d’après M. Leber, comme témoignage historique, cette pièce ne peut rien, puisque c’est « tout simplement, dit-il, un conte renouvelé des Arabes ou des fabliers du moyen âge. » En ce dernier point, le savant bibliophile se trompe. Ni les Arabes, ni les fabliers du moyen âge n’ont affaire ici ; notre livret ne leur doit rien : il ne remonte pas si haut. C’est tout bonnement un conte de 1596, renouvelé d’une histoire de 1594. Cette année-là, un nommé Gabriel Spinosa, pâtissier du bourg de Madrigal, en Castille, s’étoit, à l’instigation du moine portugais Michel Los Santos, partisan zélé du prieur de Crato et confesseur au couvent de Madrigal, s’étoit, dis-je, donné comme étant le roi D. Sébastien de Portugal, qu’il disoit n’avoir pas été tué dans son expédition contre les Maures d’Afrique. Son aventure n’avoit pas duré long-temps, moins même que celle du potier d’Alrasova, et celle d’Alvarès, tailleur de pierres à l’île de Terceyre, qui l’un et l’autre avoient aussi tenté de se faire passer pour D. Sébastien. (V. la trad. de l’Histoire de Portugal, par N. H. Schœfer, 1845, in-8º, p. 620.) Spinosa fut pendu avec le moine son complice avant la fin de cette même année 1594, après avoir passé par toutes les vicissitudes et fait toutes les tentatives dont il va être parlé dans ce livret. L’auteur, en effet, ne change presque rien à l’histoire, si ce n’est le personnage qu’y joua le pâtissier. La mort de D. Sébastien ne lui importoit guère ; le drame de D. Carlos l’intéressoit davantage, comme aventure plus récente d’abord, puis comme étant de nature à rendre plus