Page:Variétés Tome II.djvu/290

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n’oyez dire que : Corps de stioure ! otte vez et le Dieu me damne ! de Languedoc. La faveur durera tant qu’il pourra, gauderemo questo pocco, et dirons avec les astrologues : Dieu sur tout. Pour moy, je suis si bon François et tellement passionné au service de mon roy, que, si j’estimois que Messieurs de la faveur luy fussent un jour si ingrats qu’on bruit de quelques seigneurs gascons, je conjurerois dès asture tous les astres de leur influer un pareil desastre que naguères arriva à ce superbe Phaëton, qui, par son arrogance, fut precipité du chariot de sa presomption, et traisné après sa mort, ayant laissé emporter durant sa vie le char triomphant de la raison, le siége de nostre ame, par les chevaux indomptables de ses passions aveuglées et cruelles vengeances, ausquelles il avoit par trop lasché les resnes d’une grande indiscretion et inconsideration, pensant, par ce moyen, parvenir au but de sa damnable et fole ambition. Nous ne verrons jamais, Dieu aidant, de tels spectacles. L’exemple de la punition de ce temeraire et presomptueux fera aller bride en main tous les courtisans judicieux, et ceux de mon pays entendront mon langage, que mal usa non pou dura. Les exemples n’en sont que trop frequens, et les histoires remplies de pareils accidens. Je recognois une humeur si douce, un naturel si humain et une disposition si grande en ces trois genereuses ames, aimées et animées de l’air de la faveur de mon prince, qu’elles ne respireront jamais que l’air de son très humble service, et diront franchement : Il n’y a pas un de nous si fol et insensé qui se vueille jouer à son maistre, s’opposer à la volonté de son