Page:Variétés Tome IX.djvu/16

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En l’attirant dans nostre terre,
En nous livrant aux estrangers,
En mesprisant les grands dangers,
En desgarnissant les frontières,
220En n’assurant point les rivières,
Bref, en abandonnant les lys
À la fureur des ennemis,
Au sort des armes si funestes,
À la faim, la guerre, la peste.
Lorsqu’il doit penser aux combats,
Il prend ses comiques esbats,
Et pour ouvrage se propose
Quelque poesme pour Belle-Rose14,



14. Pierre Le Messier, dit Belle-Rose, le principal comédien de l’hôtel de Bourgogne à l’époque de Richelieu. Il sembloit même que la troupe de ce théâtre fût la sienne, car dans l’Estat général des gages, appoinctements et pensions pour 1641, les 12,000 livres que le roi payoit à cette troupe sont ainsi portés : pour la bande des comédiens de Bellerose. Richelieu aimoit le théâtre, on le sait de reste. La musique lui plaisoit aussi beaucoup. Nous avons vu (t. VIII, p. 121) le plaisir qu’il prenoit à faire chanter devant lui Mme de Saint-Thomas, mais nous ne savions pas alors quelle étoit cette cantatrice à la mode. En relisant Tallemant, nous l’avons appris. Il nous dit (édit. in-8, t. IV, p. 49) qu’elle étoit fille du procureur Sandrier, fort jolie et fort coquette. Elle avoit épousé M. de Saint-Thomas, conseiller d’État en Savoie. « Elle revint à Paris, dit Tallemant…, où elle se mit à chanter des airs italiens. Elle avoit appris à Turin. Elle fit bien du bruit, mais cela ne dura guère ; plusieurs trouvent même qu’elle chante mal, car c’est tout-à-fait à la manière d’Italie ; et elle grimace horriblement : on diroit qu’elle a des convulsions. »