Page:Variétés Tome IX.djvu/319

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et par la curiosité de cette grande journée de raccommodement sçue de bien des personnes, mais dont, jusqu’alors, le succès etoit ignoré de tous ceux qui n’avoient pas rencontré madame de Combalet, ou lu dans son visage. Le sombre de celuy du roy aiguisa la curiosité de la foule qu’il trouva chez luy. Il ne parla à personne, et brossa droit à son cabinet, où il fit entrer mon père seul, et luy commanda de fermer la porte en dedans et de n’ouvrir à personne.

Il se jeta sur un lit de repos, au fond de ce cabinet, et, un instant après, tous les boutons de son pourpoint sautèrent à terre, tant il etoit gonflé par la colère9. Après quelque temps de silence, il se mit à parler de ce qui venoit de se passer. Après les plaintes et les discours, pendant lesquels mon père se tint fort sobre, vint la politique, les embarras, les reflexions. Le roy comprit plus que jamais qu’il falloit exclure du conseil et de toute affaire la reyne, sa mère, ou le cardinal de Richelieu ; et, tout irrité qu’il fust, se trouvoit combattu


9. C’est cette circonstance que le P. Griffet trouve peu vraisemblable. Leclerc, dont encore une fois le récit est, sauf quelques particularités, tout à fait conforme à celui-ci, se contente de dire : « Ayant déboutonné son juste au corps, il (le roi) se jeta sur le lit, et dit à Saint-Simon qu’il se sentoit comme tout enflammé. » Ce débraillé, quelle qu’en fût la cause, étoit nécessaire au roi. Le mal dont il avoit failli mourir tout dernièrement à Lyon étoit, dit Leclerc, « une apostume dans le mesentère qui lui faisoit enfler le ventre », et il est assez naturel qu’il ne pût encore supporter longtemps un vêtement serré.