Page:Variétés Tome VI.djvu/282

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ilz ? Vitte une croix de Malte, un vaisseau prest, que je m’embarque ; despechons vitte : en trois coups à Malte, à l’armée contre le Turc ; prenons Tripoly, allons vite assieger Constantinople6. Il est nostre. Courage ! Rends-toy, grand Turc ! Je le tiens prisonnier, prisonnier ! Il est à moy. Donne-moy ton cimeterre. Ha ! le vilain ! comme il pu ! Il a chié en ses chausses de la peur. Teste de Mahom ! comme ces diables de Turcs fuyent ! J’en veux aujourd’huy plus tuer que jamais ne fit Oger le Dannois. Petardons le serail, allons viste prendre ces sultannes. À la guerre, à la guerre ! Vive le capitaine Picotin, par mer et par terre !

Ha ! Picotin, où veux-tu aller ? Ce n’est pas peu de faict de t’embarquer. La mer a des grosses ondes : si une fois tu estois enveloppé là dedans, il y a des poissons qui t’avalleroyent en un mourceau, et te faudroit puis sortir par le trou du cul. Vive ceux qui plantent des choux ! ilz ont un pied en terre, et l’autre pas guère loing7. Puis tu serois canonné, tu ne pourrois pas retenir les balles de canon à ta main pour les renvoyer contre tes ennemis, comme fai-


6. Toute expédition contre le Turc étoit très populaire en France ; V. t. 3, p. 212. À la fin du règne de Louis XIII, ce fut un empressement général pour aller au secours de Candie, assiégée par l’armée ottomane. La chanson Allons à Candie, allons, couroit partout. Annibal Gantez, à qui Louis XIII avoit commandé une messe, ne manqua pas de faire chanter son Kyrie eleison sur l’air de la belliqueuse chanson. Il étoit sûr d’être ainsi populaire et à la mode du premier coup.

7. « Ô que trois et quatre fois heureulx sont ceulx qui