Page:Variétés Tome VII.djvu/153

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gaises, en doubles ducats, en pistolets et autres espèces, pour avoir noz bleds, toiles, draps, pastel26, papier27 et autres marchandises. L’Anglois, pour avoir noz vins, noz pastels et nostre sel, nous porte ses beaux nobles à la rose28 et à la nau, et ses angelots. L’Allemant nous porte l’or, de quoy nous faisons noz beaux escus, et toutes autres nations de l’Europe nous apportent or et argent pour avoir les commoditez que nostre ciel et nostre terre nous apportent, et qu’ils n’ont pas, et mesmement le sel que nous avons en Xaintonge, le meilleur du monde pour saller, et qui excède en bonté, en valeur et en longue garde, celuy de Lorraine, de Bourgongne, de Provence et de Languedoc29.

Outre ceste cause de l’abondance d’or et d’argent procedente de l’augmentation du royaume de France et du trafic avec les estrangers, il y en a une autre,



26. Sur la richesse de ce commerce en France, voy. notre t. 3, p. 110, note.

27. Le meilleur venoit de France, surtout d’Angoulême. C’est la que les Elzeviers se fournissoient. Jusqu’au 18e siècle l’Angleterre s’approvisionnoit encore chez nous. V., sur la cherté du papier dans ce pays à cette époque, Le pour et le contre, de l’abbé Prevost, t. 1, p. 323.

28. Sur cette précieuse monnoie, dont on attribuoit la fabrication à Raymond Lulle, V. la Notice de M. de Lécluze sur cet alchimiste, p. 28, et le Rabelais, édit. Variorum, t. 2, p. 344.

29. Bodin dit la même chose : « Cela fait, écrit-it, que l’Anglois, le Flameng et l’Ecossois, qui font grande trafique de poissons salez, chargent bien souvent de sables leurs vaisseaux, à faute de marchandises, pour venir acheter notre sel à beaux deniers comptant. »