Page:Variétés Tome VII.djvu/325

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ceste canaille de se devoir opposer aux volontez de Sa Majesté, qui pour éviter tant de foulle qui se fait à l’imposition des taxes desdites assemblées, et ce qui s’en ensuit, par l’advis de son conseil, et pour soulager son pauvre peuple de la dite province, qui a par cy devant receu assez d’incommoditez durant les derniers troubles de la rebellion, avoit doncques creé et estably cette eslection2].

Là dessus, après que les offices furent levés, et qu’on se vouloit instaler3, un nommé Doüat, natif de Quercy, autrement Anniac, homme aagé de cinquante cinq ans ou plus, qui se mesloit de faire des horoscopes, grand physionomiste et chiromancien, qui a tousjours dit qu’il mourroit entre deux


croquans, disant qu’ils ne demandoient qu’à croquer le peuple ; mais la noblesse tourna ce sobriquet de croquant sur le peuple mutiné, à qui le nom de croquant demeura. » Le P. Daniel admet cette étymologie (Hist. de France, règne de Henri IV, t. 3, p. 1648). Le Dictionnaire de Trévoux pense, au contraire, que le nom de ces révoltés vient du croc dont ils s’étoient fait une arme. Le plus probable, c’est qu’on les nomma ainsi à cause d’une paroisse, non pas du Limousin, mais de la Marche (arrondissement d’Aubusson), appelée Crocq, et qui auroit été le point de départ du premier mouvement. En mai 1637, ils s’agitèrent du côté de Bergerac, mais le duc de La Valette les anéantit. On peut lire à ce sujet : La prise de la ville de Bergerac et entière dissipation des croquants par le duc de La Valette, 1637, in-8. Le mot croquant resta pour désigner un paysan. V. La Fontaine, fable la Colombe et la Fourmi.

2. Tout ce paragraphe manque dans le Mercure françois.

3. « Et que les pourveus se voulurent instaler. » (Mercure françois.)