Page:Variétés Tome VIII.djvu/14

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faire ce qu’ils voudroyent. Et pour le confermer en ceste mauvaise opinion, le dit seigneur de Chastillon luy bailla luy-mesme cent escus sol dedans un papier pour acheter un cheval si le sien n’estoit assez bon pour se sauver après avoir fait le coup13 ;


13. L’amiral ne nie pas cette nouvelle somme de cent écus donnée à Poltrot, mais, comme il l’a déjà dit tout à l’heure, et comme l’a répété Tavannes, c’est pour son service d’espion, et non pour autre chose, qu’il le paya ainsi : « L’ayant ouy, dit la Response, le seigneur admiral jugea qu’on s’en pouvoit servir pour entendre certaines nouvelles du dit camp ; et, pour cest effect, luy delivra les cent escus dont il est question, tant pour se mieux monter que pour faire les diligences requises en tels advertissements. » L’amiral ne s’en tient pas à cet aveu, la mémoire lui est complètement revenue, et il ajoute : « Davantage, le dit seigneur admiral est bien recors maintenant que le dit Poltrot s’avança, luy faisant son rapport, jusques à luy dire qu’il seroit aise de tuer le dit seigneur de Guyse. Mais le dit seigneur admiral n’insista jamais sur ce propos, d’autant qu’il l’estimoit pour chose du tout frivole, et sur sa vie et sur son honneur n’ouvrit jamais la bouche pour l’inciter à l’entreprendre. » S’il falloit en croire Brantôme, l’entretien de l’amiral avec Poltrot ne se seroit pas tout à fait passé ainsi. L’amiral auroit chargé Chastelier, « grand confident de M. de Soubize et habil homme », de lui faire envoyer le gallant par son patron, mais sans dire qu’il le mandoit lui-même, et surtout sans laisser penser qu’il le désiroit voir pour lui commander de faire le coup. Tout ce que vouloit l’amiral, c’est que Poltrot lui donnât à lui-même assurance de son zèle, afin qu’il sût, sans autre explication, ce qu’il devoit en attendre. Tout se fit ainsi qu’il l’espéroit, « car, dit Brantôme, après qu’il (Poltrot) luy eust representé ses lettres et que mon dict sieur l’ad-