Page:Variétés Tome VIII.djvu/15

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lesquels cent escus iceluy confessant receut, et s’en vint au dit camp de Massas pour adviser les moyens de mettre à fin la dite entreprise14.



miral les eust lues devant luy, il luy dist : C’est M. de Soubize qui m’escrit, et me mande comme vous avez grande envye de bien servir la religion. Vous soyez bien venu. Servez la donc bien. » Brantôme ajoute : « M. l’admiral n’avoit garde, disoit-on, de se confier en ce maraud, malostru et trahistre, car il sçavoit bien que mal luy en prendroit s’il estoit pris et descouvert, et que tels marauds et trahistres, en leur desposition, gastent tout et se desbagoullent, et disent plus qu’il n’y en a quand ils sont pris. Voila pourquoy M. l’admiral fut fin et astuce d’user de telle sobres paroles à l’endroit de ce maraud ; mais usant de ceste-là, il faisoit comme le pasteur auquel les veneurs ayant demandé s’il avoit veu le cerf qu’ils chassoyent, luy, qui l’avoit garanty dans sa grange, soubs bonne foy, il leur dist et cria tout haut, afin que le cerf qui estoit caché l’entendist, qu’il ne l’avoit point veu, en le jurant et l’affirmant ; mais il leur monstroit avec le doibt et autres signes là où il estoit caché, et par ainsi il fut pris. »

14. Dans l’autre plus ample déclaration, mise à la suite de la Response, l’amiral revient encore sur les cent écus donnés à Poltrot et rapporte l’entretien qu’il y auroit eu entre eux : « Il dit au dit Poltrot qu’il faloit qu’il s’en retournast en toute diligence pour le tenir adverty de ce que feroit ledit seigneur de Guyse, lequel luy fist response qu’il le feroit volontiers, mais qu’il n’estoit pas bien monté. Lors luy fut dit par M. l’admiral : « Je voudroye avoir quelque bon cheval ; je le vous bailleroye ; mais il ne m’est pas demeuré un seul bon courtaut, je les ai tous donnez à ceux que j’ay envoyés en Allemagne, devers M. Dandelot, mon frère. » Il luy fit response que s’il avoit de l’argent il en trouveroit bien. Lors le