Page:Variétés Tome VIII.djvu/264

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emporter de haute lute6. Il proposa, pour soutenir son droit, toutes les boutiques qui en dependent, dans lesquelles on faisoit une continuelle lecture de toutes les gazettes qui s’impriment dans l’Europe : de sorte qu’on devoit regarder ce lieu celèbre comme le tronc copieux de toutes les nouvelles, et dont les branches s’etendent et fleurissent dans tous les autres bureaux. Neanmoins, le president des Celestins s’y opposa formellement, sous pretexte que leur jardin etoit, par privilége, destiné pour les nouvellistes de distinction, et qu’aucune autre personne n’avoit la liberté d’y entrer7. Il avança que de tout temps les plus habiles politiques en avoient fait leur centre, temoin Antoine


Les nouvellistes du Palais-Royal n’avoient pas grand crédit. V. ce qu’en dit la Gazette dans les Ennuis de Thalie (Hist. du Théâtre-Italien, t. 5, p. 263). En 1709, suivant l’Ambigu d’Auteuil, un apothicaire s’y étoit fait « l’essayeur des bonnes ou mauvaises nouvelles. »

6. Le voisinage du Pont-Neuf avoit dès longtemps achalandé de nouvelles les oisifs du cloître des Augustins. Les gazettes étoient là dans leur vrai centre. On connoît celle du Pont-Neuf faite par Saint-Amant, édit. Livet, t. 2, p. 161, et l’on sait par le Paris en vers burlesque de Bertaud, p. 36–37, que dans les presses de marchands et de curieux encombrant le pont se trouvoit toujours quelque vendeur de gazette. Dans le Grand Théâtre des nouvellistes, p. 61, il est parlé de ce docteur

Pré.....Qu’on voit tous les matins
Présider sur le banc du quai des Augustins.

7. On y voyoit surtout des abbés. V. Satires de Ducamp d’Orgas, p. 73.