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Page:Variétés Tome X.djvu/232

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force bagage, et que sa court est aussy grosse que celle du roy. C’est pourquoy il luy faut beaucoup de lieus. Nous avons marqué l’Ancre, la Couronne ducale et l’Ecu de Bretagne5, mais on nous a dit que cela nous suffiroit pas seulement pour la moitié de sa suite, et qu’il en faudra bien marquer d’autres pour sa personne. Il veut avoir la Couronne royale, mais cela ne se peut, parce qu’il y revient un esprit qui tourmente le monde. J’estois d’advis de lui marquer la maison des Clefs6, croyant qu’elle luy seroit plus propre ; mais l’on m’a dit que l’on n’y loge que des Italiens par un privilége special. Nous avons fait marquer l’Homme d’argent pour M. le Prince à tout hasard ; car nous ne croyons pas qu’il vienne icy, parce qu’il n’est guères souvent en court7. Pour M. le Comte, on luy vouloit donner la Cage8 ;


5. Ces enseignes : l’Ancre, la Couronne ducale, l’Ecu de Bretagne, conviennent bien pour Richelieu, qui étoit grand amiral, et qui, en même temps que le titre de duc et pair, avoit reçu le gouvernement de Bretagne.

6. C’est-à-dire les Clefs de Saint-Pierre, enseigne du Vatican, demeure du pape. Richelieu n’eut jamais l’ambition du trône pontifical ; il visa un instant, selon Vitterio Siri, à se faire déclarer patriarche de France ; ce fut tout.

7. Henri II de Bourbon, père du grand Condé, qui, en effet, depuis ses malheureuses campagnes de Dole et de Fontarabie, ne venoit plus beaucoup en guerre. Il se contentoit d’être riche, car il étoit avare, et par là pouvoit bien s’accommoder de loger à l’Homme d’argent.

8. Le titre de M. le Comte appartenoit aux comtes de Soissons, comme celui de M. le Prince aux aînés des Condé. Le comte de Soissons, en ce temps-là, n’étoit pas, comme on sait, des amis du cardinal ; et ses manœuvres