Page:Variétés Tome X.djvu/280

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est si incongru au langage françois qu’il ne veut souffrir les diminutifs Roche, Rochelle, Rochellete. Chacun peut bastir sur son fond ce qui luy plaist, et aux villes les plus republiquaines à la portée d’un mousquet. Le fort n’est qu’un monceau de gazons, l’on batist tous les jours de nouvelles villes : Nancy, Charleville, Boisbelle22, Orange ; souffrés que les roys facent ce que fait un chacun. Le fort est une petite colonie où le brave Arnault avoit commencé une belle police, que le vaillant et courageux Thoras23 avoit amplifiée ; les bourgeois y


22. Sully ayant acheté, en 1597, du prince Charles de Gonzague, la principauté de Bois-Belle, en Berry, qui étoit totalement indépendante, y avoit fait construire une ville toute neuve, qui conserve encore aujourd’hui la physionomie de son époque, et que le vieil ami d’Henri IV avoit appelée Henrichemont, en l’honneur de son bien-aimé maître. Ce franc-fief ne fut réuni à la couronne qu’en 1766.

23. Thoiras, gouverneur pour le roi au pays d’Aunis, rendit alors de très-grands services. Il ne put s’opposer au débarquement des Anglois dans l’île de Ré, et perdit même un de ses frères dans le combat qui leur fut livré à la descente ; mais, s’étant retiré dans le fort Louis, il y fit une si belle défense qu’il donna le temps à MM. de Schomberg et de Marillac de débarquer dans l’île six mille fantassins et trois cents chevaux, qui culbutèrent les Anglois et les forcèrent de repartir à toutes voiles pour l’Angleterre. « Sa Majesté, écrivit Richelieu le 9 nov. 1627, surlendemain de cette victoire, a receu en cette occasion ce qu’elle attendoit de la bonne conduite et du courage de M. le mareschal de Schomberg et des sieurs de Marillac et de Thoirax (sic), qui sortit de la ci-