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ANTONELLO DE MESSINE.

auparavant n’avait pas d’abord été séchée au soleil, ce qui demandait une patience infinie[1].  » (Lanzi.) En quoi ces procédés diffèrent-ils des procédés actuels ? A-t-il jamais été possible, après avoir ébauché un tableau, de repeindre dessus avant que la première couche ne fût plus ou moins sèche ? Théophile, accoutumé à la détrempe, qui permet de repeindre au bout d’une heure sur le meme travail, voyant ses couleurs à l’huile demeurer fraîches pendant un ou deux jours, trouva ce délai fort long et fort ennuyeux, diuturnum et tœdiosum. Pour obtenir une plus prompte dessiccation, il imagina de les exposer au soleil. Faut-il en conclure, comme on l’a fait, que sa découverte tombe à néant ? Dès l’instant que Théophile substitua dans le broiement des couleurs l’emploi d’une huile siccative à celui de l’eau, de la gomme, du jaune ou du blanc d’œuf, son procédé fut complet, parfait. Qu’y a-t-on ajouté depuis ? Vasari et, après lui, Morelli et Lanzi, sans grandes variantes, répliquent que « Van-Eyck ayant exposé au soleil une de ses peintures, le panneau fut fendu par la force de la chaleur. Alors, continuent-ils, cet artiste combina peu à peu la manière d’employer des couleurs huilées qui pussent se sécher d’elles-mêmes sans être mises au soleil. » (Lanzi.) Eh bien ! parce que Van-Eyck aura laissé

  1. Omnia généra colorum eidem generi olei teri, et poni possunt in opere ligneo, in his tantum rebus, quæ soli siccari possunt, quia quotiescumque unum colorem imposueris alterum ei super ponere non potes nisi prior exsiccetur quod in imaginibus diuturnum et tædiosum nimis est. — Ce passage sur lequel s’appuient Lanzi et Morelli, si l’on veut bien y regarder, est tout à l’avantage de notre opinion.