Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/291

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tuette nue tenant un vase destiné à servir d’encrier, qu’il avait exécutée en terre, le prit tellement en amitié, qu’il le chargea, ainsique l’espagnol Alonzo Beruguetta (4), Zaccheria Zachi de Voiterra, et le Vecchio de Bologne, de modeler en cire le groupe de Laocoon pour le jeter en bronze. Lorsque les modèles hirent achevés, Bramante les montra à B.aphaél Sanzio d’Urbin, en le priant de décider quel était le meilleur des quatre. Raphaël jugea que le Sansovino, malgré sa jeunesse, avait de beaucoup surpassé tous ses rivaux. Le cardinal Domenico Grimani ordonna alors à Bramante de faire jeter en bronze le Laocoon de Jacopo. Ce groupe réussit parfaitement à la fonte, et dès qu’il fut réparé, on le remit au cardinal Grimani. Ce seigneur le conserva aussi précieusement que s’il eût été antique, et le légua, en mourant, à la sérénissime république de Venise, qui, après l’avoir gardé durant plusieurs années dans ia salle du conseil des Dix, le donna au cardinal de Lorraine qui le transporta en France.

Tandis que Sansovino augmentait chaque jour sa réputation à Rome, Giuliano da San-Gallo, chez lequel il demeurait à Borgo » Vecchio, tomba malade et partit pour Florence. Notre artiste obtint alors, par le crédit de Bramante, un logement dans le palais du cardinal de San-Clemente où habitait déjà Pietro de Pérouse, qui était occupé à décorer une voûte de la Torre-Borgia par l’ordre du pape Jules. Pietro tira parti pour son propre compte du talent de Sansovino, en lui faisant modeler en cire plu-