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cours étrangères applaudissent à la confiance que nos souverains me témoignent. » Malheureusement l’activité de ses fonctions nouvelles, le poids d’occupations et de préoccupations, que les complications politiques de la fin de la guerre rendaient plus pénibles encore, affaiblirent par degrés sa constitution robuste. « Ma santé est fort bonne, » écrivait-il le 26 mai 1757. « Dois-je ce bien à mon tempérament ou à un peu de philosophie ? À l’un et à l’autre, je pense ; mais plus essentiellement au premier. » Il gardait encore toute sa « philosophie, » mais il n’avait plus son « bon tempérament » quand, en 1766, il vint dans sa patrie tenter de reprendre ses forces perdues. L’air natal sembla, d’abord, les lui rendre un peu. Mais, à peine de retour à Dresde, dans l’automne de 1766, une rechute l’obligea de retourner à Neuchâtel. Il y mourut prématurément, d’une « hydropisie de poitrine, » le 28 décembre 1767.

Marié en 1764, il laissait une jeune femme, Marianne de Chesne, d’une famille noble de France établie en Saxe, et un fils, Adolphe Maurice de Vattel (1765-1827), qui devait s’occuper agréablement de littérature.

La disparition de cet utile diplomate, de ce bon écrivain fut plus profondément ressentie dans le cercle intime de ses amis que dans celui, plus étendu, mais, pour lui, trop large, de la politique ou des lettres, car on l’aimait « pour la candeur de son âme et la tendresse de son esprit, » suivant la jolie formule par laquelle un de ses amis. Hennin, dix-huit mois avant sa mort, le présentait à Voltaire.[1]

Un coup d’œil au portrait que garde de lui la bibliothèque de Neuchâtel, deux lignes de Mademoiselle Provost à la future Madame de la Charrière, surtout ce simple hommage d’un ami — c’est trop peu pour connaître, assez pour deviner. Et chacun peut achever d’imaginer Vattel, esprit fin et délicat, souriant et tendre, cœur sensible et généreux, qui, dans l’amitié des idées et des êtres, sut vivre une utile et trop courte vie.

  1. Correspondance de Voltaire, 1766, à sa date.